Covid 19 – Qui doit vivre, qui doit mourir ?

Liberté du plus grand nombre contre l’explosion des hôpitaux et des dizaines de milliers de morts à pleurer ?

J’ai lu l’appel de 200 avocats et juristes appelant « au déconfinement et à défendre la vie sous tous ses aspects ».

Oui, nos libertés individuelles sont bafouées. Oui, notre gouvernement édicte des règles qui varient trop, qui sont souvent en décalage avec le simple bon sens, qui sont contradictoires entre elles.

Mais le refus d’un trop grand nombre de Français d’appliquer les gestes barrières rend cet appel illusoire et dangereux.

Mais la tension dans les hôpitaux oblige à prendre des mesures coercitives sauf à attendre des professionnels de santé qu’ils disent qui doit vivre et qui doit mourir.

Cet appel est convaincant sur de nombreux aspects. Défense des libertés, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », et, évidemment, le confinement a des conséquences désastreuses sur les plans santé mentale et relations sociales notamment, sans même parler de l’économie.

Lorsque est souligné le fait que la moyenne d’âge des personnes décédées du fait du covid est de 84 ans, c’est une façon de dire qu’il vaut mieux prendre le risque de laisser mourir des personnes âgées plutôt que de créer des problèmes majeurs et durables à toute une population. Bon, ça s’entend comme argument. C’est brutal, mais pourquoi pas. On vote là-dessus ?

Cet appel dit aussi que la solution aurait été de mieux soutenir le secteur hospitalier ces six derniers mois, sauf que :

-La casse du service public de santé a commencé il y a bien longtemps (fin des années 1980 ?). Il est évidemment impossible de renverser la tendance en si peu de temps, de former des professionnels de santé, de construire des hôpitaux et de les équiper dans un délai aussi court alors qu’il faudrait sans doute pas loin de dix ans, à condition de dégager les ressources financières nécessaires, pour le faire. Quoi qu’il en soit, évidemment il faut lutter pour réparer cette casse et disposer d’un service hospitalier public à la hauteur des besoins de la population, avec des professionnels en nombre suffisant et correctement payés.

– On ne peut pas de toute façon dimensionner nos hôpitaux pour absorber des chocs sanitaires aussi violents. Créer 50.000 lits de réanimation, former le personnel qui ira avec, acheter et entretenir les équipements qui les entoureront. Bien sûr, des acrobaties incroyables et remarquables des acteurs de santé se font pour trouver des solutions institutionnelles ou bricolées pour limiter la casse, mais ça sera forcément avec des effets très limités.

Hors confinement, je ne vois pas d’autres solutions que le strict respect des gestes barrières lorsqu’on est en présence de personnes extérieures au cercle familial.

Mais c’est pour moi malheureusement évident que l’inconscience d’un trop grand nombre de personnes, ou qu’un refus du port du masque pour protester ou tout simplement par négligence ou par flemme, ne permettra pas ce strict respect.