L’ouverture de la déviation de la route nationale 19 à Boissy-Saint-Léger (94) est prévue le 9 avril vers la province et le 16 avril vers Paris.
Sans aucun doute, la déviation va permettre aux Boisséennes et aux Boisséens de circuler plus facilement, aux habitants du Plateau Briard (et de plus loin) de ne plus avoir cet embouteillage pénible matin et soir pour traverser Boissy.
Pour les habitants de Boissy, cette barrière importante que constitue la RN 19, en plus de la ligne du RER et de l’obstacle naturel que représente le coteau entre le bassin parisien et le plateau de Brie (de 35 m à 104 m d’altitude), aggrave la discontinuité entre les quartiers de Boissy, le bas et le haut. La déviation donnera l’occasion de réduire cette fracture géographique et les risques de circulation à pied. Il y a eu trop de victimes sur cette route, notamment à cause de la vitesse, des passages de véhicules au feu rouge et des trottoirs trop étroits.
Elle rendra plus fluide aussi le passage des bus de la ligne 5 et les habitants du Bois Clary pourront ainsi venir plus facilement en centre-ville ou dans la Haie Griselle. Et réciproquement.
Pour les habitants du Plateau Briard, de Valenton et de Villeneuve-St-Georges, elle devrait améliorer de façon importante la circulation des bus sur les lignes 12, 40-12, 21 et J1 qui empruntent toutes au moins en partie l’actuelle nationale 19, notamment entre le lycée Guillaume Budé et la gare routière du RER de Boissy.
Mais il reste beaucoup à faire.
Cette nouvelle route aura couté au moins 200 millions d’euros (peut-être 240, c’est difficile de trouver le cout global depuis le début des travaux) ce qui aurait peut-être pu être évité si les pouvoirs publics avaient pris à temps les mesures pour améliorer les dessertes en transports publics, multiplié les circulations douces (trottoirs et pistes cyclables sécurisés et entretenus), obligé les entreprises à faire de vrais plans de déplacement, engagé une réforme fiscale rééquilibrant l’attractivité des régions de France, gardé les services publics de proximité, etc.
Maintenant, elle est faite. Il faut se donner les moyens pour que ça fonctionne, qu’elle ne serve pas à simplement déplacer les embouteillages plus au nord le matin et plus au sud le soir (les Villecresnois s’en inquiètent), que l’actuelle RN 19 dans la traversée de Boissy soit aménagée le mieux possible dans l’intérêt général. Passage des bus, piste cyclable, trottoirs larges, végétalisation.
Globalement, pour réduire les déplacements, l’organisation sociale et économique de notre pays et de notre territoire devra retenir les leçons des erreurs du passé et de la crise sanitaire actuelle et favoriser le local, qu’il s’agisse d’emplois, de commerces, de loisirs ou de services publics. Tout faire pour que la population trouve tout ce dont elle a besoin à proximité, sans oublier les espaces naturels et les terres cultivables.
Il ne faudra pas oublier le corridor écologique plusieurs fois promis au sud de l’ouvrage vers le Repos de la Montagne, pour permettre à la faune, petite et grande, de passer de la forêt de Grosbois à celle de la Grange sans une hécatombe sur la chaussée.
Il faudra aussi être attentifs à l’aménagement de la couverture de la déviation, en faire un lieu favorisant la détente, les circulations douces, la biodiversité, la nature en ville, avec des squares et des aires de jeux. Pourquoi pas des jardins partagés ou familiaux ?
La population devra être associée à ces futurs aménagements, et pas seulement en réunissant un vague conseil citoyen dont le fonctionnement et les moyens d’action sont plutôt obscurs.
Sans doute, pour maitriser l’urbanisation le long de l’actuelle nationale et sur les délaissés de la déviation, les élus locaux devront se pencher sur le plan local d’urbanisme et engager si besoin sa modification.
Un chantier se termine, un autre commence pour lequel la transition écologique et la démocratie participative doivent trouver toute leur place.