Publié le 30 mars 2024
En 2020, la liste que j’avais menée aux municipales à Boissy avait obtenu 9% des suffrages au premier tour. C’était bien, mais évidemment très loin d’un score permettant de gagner et même insuffisant pour se maintenir au second tour, le seuil étant 10%.
Avec Fabrice Ngaliéma, qui avait conduit quant à lui une liste citoyenne qui avait fait 16% des voix, après avoir bien mobilisé la jeunesse de la Haie Griselle, nous nous étions finalement mis d’accord pour fusionner nos deux listes en y ajoutant la liste LFI de Bernard Semser, qui avait obtenu 6% au premier tour.
Cette fusion nous permettait d’espérer, pourquoi pas gagner, mais au moins faire un score important qui pouvait faire élire plusieurs candidats de nos listes du 1er tour. Sur le programme, nous avions peu négocié et avions fait campagne du second tour sur la base du programme de la liste de Fabrice Ngaliéma. Nous espérions mettre en place les moyens de peser ensemble et avec nos colistiers du premier tour sur la politique municipale, tout en se mettant d’accord sur une autonomie d’expression et de liberté de vote pendant le mandat. Après l’élection, cette dynamique avec nos colistiers du premier et du second tour ne se fera finalement pas.
Au second tour, notre liste fusionnée a obtenu 28%, celle de Régis Charbonnier 45% et celle menée par Laure Thibault (LR) après fusion difficile avec la liste de Moncef Jendoubi (centriste) 27%.
Nous avions obtenu 4 élus, Fabrice Ngaliéma et Ingrid Citerne, ma colistière Pascale Isel et moi. Pascale et moi avons choisi comme nom de groupe d’expression Boissy Écologie et Solidarité.
Au début du mandat, les relations entre la majorité et nous étaient conflictuelles, à cause notamment du contentieux lié à la convention d’utilisation du jardin partagé de la Haie Griselle et des droits d’expression de l’opposition.
Et puis les choses se sont arrangées petit à petit, jusqu’à ce nous décidions de rejoindre la majorité, avec une annonce publique lors du conseil municipal du 28 mars 2024. Difficile de décrire ici les étapes de ce rapprochement, qui a commencé par un apaisement dans nos relations, puis par de nombreux votes identiques en conseil municipal et enfin par une série de rencontres. Rien ne vaut le dialogue pour surmonter les problèmes et se rendre compte à quel endroit et avec quelles personnes on sera le plus utile.
Nous sommes de gauche. Nous ne regrettons pas nos choix passés, il fallait sans doute les faire pour prendre conscience des enjeux politiques à Boissy-Saint-Léger et du rôle que nous pouvions jouer.
Nous serons probablement critiqués, par une partie de nos anciens colistiers dont l’opposition au maire reste forte.
Pour la (toute) petite histoire, il est amusant de constater aujourd’hui qu’un des membres de la majorité en 2015 était secrètement ravi que je passe dans l’opposition avec deux autres élus quand il restait alors dans la majorité. Il est aujourd’hui beaucoup moins content que je rejoigne la majorité.
Nous serons critiqués aussi par une partie de l’opposition qui s’inquiétera de la modification des équilibres en vue des municipales de 2026.
Nous pouvons comprendre l’amertume de celles et ceux qui nous voyaient éternellement opposants. Mais nous avons notre libre arbitre, et les valeurs qui nous poussaient en 2020 et qui nous motivent encore plus aujourd’hui ainsi que l’expérience des années passées nous ont convaincus de revenir vers notre famille politique, aussi perfectible soit-elle.
A nous maintenant d’agir pour ce qui nous apparait comme l’intérêt général, qui peut s’exprimer dans deux objectifs principaux, l’attention aux plus démunis, c’est-à-dire la justice sociale, et la transition écologique. Il faut rajouter une valeur transversale qui est le respect de l’altérité. Nous ne désignons pas des boucs émissaires aux malheurs du monde, les immigrés, les musulmans, les juifs ou les bénéficiaires des minimas sociaux pour ne citer que ceux-là, et n’avons comme seul ennemi que l’économie mondiale devenue sourde et aveugle aux conséquences de ses choix et obsédée par l’enrichissement de ses dirigeants et de ses actionnaires, au détriment des gens, des peuples et des écosystèmes.
Pour traiter des points très concrets, quelques questions / réponses
Est-ce autorisé, ou habituel, que des élus d’opposition rejoignent la majorité ou au contraire que des élus de la majorité deviennent opposants. Voire qu’un ou une élu.e d’un groupe de la majorité ou de l’opposition change de groupe au sein même de la majorité ou de l’opposition. Oui, bien sûr, les exemples sont nombreux, explicables et le plus souvent logiques, même s’il y en a moins à Boissy que dans d’autres villes plus « agitées » que la nôtre. Un conseil municipal, comme tous les collectifs humains, est un groupe de personnes animées par des émotions, des préférences, des amitiés, des fidélités politiques ou personnelles, des détestations, des réconciliations. Il y a aussi, et c’est ce qui a contribué le plus dans notre décision, les circonstances qui changent, les enjeux qui s’éclaircissent, les relations qui s’améliorent. Sur l’aspect légal des changements de groupe politique en cours de mandat, la loi comporte d’ailleurs plusieurs textes qui codifient ces mouvements.
Est-ce correct vis-à-vis de nos électrices et électeurs ? Notre électorat voulait notre victoire, et en cas de non victoire, voulait que nous ayons le plus de moyens possibles pour agir dans le sens de nos engagements de campagne. Ce sera d’autant plus possible en étant force de proposition au sein de la majorité, avec laquelle nous sommes d’accord sur… presque tout ?
Rajout le 5 avril
Sur cet aspect de la volonté présumée des électrices et des électeurs au premier tour, on pourrait aussi se poser la question de savoir quelle candidature, à part la tête de liste, a convaincu les électeurs, quelle autre personne les a fait fuir et préférer une autre liste, à quelle place sur la liste les électeurs auraient préféré voir tel ou telle candidat ou candidate. Évidemment on n’en sait rien. Sur la fusion, aucun sondage de nos électeurs / électrices ne nous a éclairés sur le choix à faire, il a fallu le décider en nos âmes et consciences, probablement en « tordant le bras » d’un certain nombre de personnes qui avaient voté pour l’une ou l’autre de nos listes au 1er tour et qui n’ont pas aimé cette fusion et en auraient préféré une autre. L’élection est la moins mauvaises des méthodes de désignation des représentants du peuple en démocratie, mais elle est toujours en grande partie le résultat de choix personnels des candidates et des candidats.
Avons-nous gagné de l’argent en rejoignant la majorité ? Ça n’aurait pas été scandaleux si des délégations non attribuées nous avaient été données, mais ça ne s’est pas passé, et nous n’en avons pas demandé, ni de poste d’adjoint ou d’autres avantages. Notre choix n’était pas intéressé, en tout cas pas par l’argent. Nous conservons notre indemnité mensuelle de 67,70 euros net par mois, comme les autres élu.e.s de la majorité ou de l’opposition qui n’ont pas de délégation ou d’indemnité liée à une présidence d’organisme intercommunal.