Publié le 27 avril 2024
Contre le projet de prison de Noiseau, les habitants de la ville de Noiseau et des villes alentours, les élus des villes, du territoire, du département, toutes tendances politiques confondues, enfin, surtout la droite, se sont retrouvés sur place aujourd’hui 27 avril pour manifester leur opposition à la construction de cet établissement pénitentiaire que le gouvernement veut imposer, en utilisant une procédure qui lui permet de ne pas respecter les règles d’urbanisme.
Je suis d’accord avec les manifestants. La méthode de passage en force du gouvernement est insupportable, la consommation de terres agricoles que provoquera cette construction est un non-sens alors que toutes les collectivités, poussées par l’opinion publique, mettent en place des plans climat qui ont entre autres pour objectifs de ne pas toucher aux espaces naturels, agricoles et forestiers et même d’en gagner d’autres.
Sauf que…
Pendant ce temps-là, un autre projet suit son cours, l’agroquartier prévu dans la même zone que la prison, juste en sortie de Noiseau, qui lui aussi, malgré son nom aguicheur, va consommer des surfaces agricoles, certes beaucoup moins, mais en consommer tout de même. Projet soutenu (et financé) en gros par les mêmes qui refusent la prison.
Pendant ce temps-là, une autre densification conséquente est prévue sur la ZAC Notre Dame de La Queue-en-Brie, sur une parcelle de 4,4 hectares, où seront également consommées des surfaces agricoles. Cette parcelle est à quelques centaines de mètres de la zone où l’Etat veut construire la prison.
Deux poids, deux mesures. Quand il s’agit d’une prison, les élus et la population locale n’en veulent pas. D’ailleurs, les premiers arguments que j’avais entendus à l’origine du projet étaient le risque de voir des délinquants en permission ou leurs proches forcément peu recommandables dans les rues et la perte de valeur des logements de Noiseau. Pas le souci de consommation des terres agricoles. Depuis, ça a changé, l’argument écologique étant tout de même plus politiquement correct. Par contre, quand il s’agit de deux projets d’aménagements portés par les élus locaux et qui rapporteront de la fiscalité locale, là personne ne bouge, ou si peu… Ce n’est évidemment pas un problème de rechercher des recettes pour assurer le fonctionnement d’une municipalité. Simplement, il faudrait mieux mesurer et hiérarchiser les enjeux.
J’étais allé à la précédente, mais cette indignation sélective et hypocrite m’a conduit à ne pas participer à la manifestation d’aujourd’hui contre la prison.
Toute consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers doit être combattue, quelle que soit l’administration ou la collectivité à l’origine du projet. La seule solution pour réduire les effets du dérèglement climatique et de la perte de la biodiversité est de construire, des logements et des activités, seulement dans les zones déjà urbanisées. Construire la ville sur la ville.