Manifestation contre la prison de Noiseau – parfait, mais pourquoi pas contre les autres projets d’urbanisation dans le même secteur ?

Publié le 27 avril 2024

Contre le projet de prison de Noiseau, les habitants de la ville de Noiseau et des villes alentours, les élus des villes, du territoire, du département, toutes tendances politiques confondues, enfin, surtout la droite, se sont retrouvés sur place aujourd’hui 27 avril pour manifester leur opposition à la construction de cet établissement pénitentiaire que le gouvernement veut imposer, en utilisant une procédure qui lui permet de ne pas respecter les règles d’urbanisme.

Je suis d’accord avec les manifestants. La méthode de passage en force du gouvernement est insupportable, la consommation de terres agricoles que provoquera cette construction est un non-sens alors que toutes les collectivités, poussées par l’opinion publique, mettent en place des plans climat qui ont entre autres pour objectifs de ne pas toucher aux espaces naturels, agricoles et forestiers et même d’en gagner d’autres.

Sauf que…

Pendant ce temps-là, un autre projet suit son cours, l’agroquartier prévu dans la même zone que la prison, juste en sortie de Noiseau, qui lui aussi, malgré son nom aguicheur, va consommer des surfaces agricoles, certes beaucoup moins, mais en consommer tout de même. Projet soutenu (et financé) en gros par les mêmes qui refusent la prison.

Pendant ce temps-là, une autre densification conséquente est prévue sur la ZAC Notre Dame de La Queue-en-Brie, sur une parcelle de 4,4 hectares, où seront également consommées des surfaces agricoles. Cette parcelle est à quelques centaines de mètres de la zone où l’Etat veut construire la prison.

Deux poids, deux mesures. Quand il s’agit d’une prison, les élus et la population locale n’en veulent pas. D’ailleurs, les premiers arguments que j’avais entendus à l’origine du projet étaient le risque de voir des délinquants en permission ou leurs proches forcément peu recommandables dans les rues et la perte de valeur des logements de Noiseau. Pas le souci de consommation des terres agricoles. Depuis, ça a changé, l’argument écologique étant tout de même plus politiquement correct. Par contre, quand il s’agit de deux projets d’aménagements portés par les élus locaux et qui rapporteront de la fiscalité locale, là personne ne bouge, ou si peu… Ce n’est évidemment pas un problème de rechercher des recettes pour assurer le fonctionnement d’une municipalité. Simplement, il faudrait mieux mesurer et hiérarchiser les enjeux.

J’étais allé à la précédente, mais cette indignation sélective et hypocrite m’a conduit à ne pas participer à la manifestation d’aujourd’hui contre la prison.

Toute consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers doit être combattue, quelle que soit l’administration ou la collectivité à l’origine du projet. La seule solution pour réduire les effets du dérèglement climatique et de la perte de la biodiversité est de construire, des logements et des activités, seulement dans les zones déjà urbanisées. Construire la ville sur la ville.

Publicité pour la luxopuncture. Le sommeil de la raison

Publié le 24 avril 2024

A la suite d’une publication publicitaire dans le groupe Facebook https://www.facebook.com/groups/boissysaintleger mardi 23 avril pour un cabinet de luxopuncture, j’avais réagi en mettant en cause cette forme de soin. La publication originale a été supprimée après ma réponse, par son auteur je suppose.

Je remets ici ma contribution, des publicités comme celle-là, on en verra fleurir d’autres dans cette période anxiogène qui ouvre la porte à toutes sortes de fausses solutions pour la santé et le bien-être.

Ce qui marche [dans la luxopuncture], c’est l’effet placebo. Une personne bien intentionnée, qui elle-même est convaincue de bien faire, s’occupe avec bienveillance de ses patients, qui de leur côté veulent y croire, surtout qu’ils paient. L’effet placebo peut être très puissant, il stimule la volonté et l’adhésion aux conseils d’hygiène de vie et d’alimentation dispensés, heureusement, par les « thérapeutes » en plus des séances de luxothérapie.

Aucune étude n’a démontré l’existence des méridiens. Mieux, les méta-analyses des études sur l’acupuncture n’ont pas démontré d’effet bénéfique. L’acupuncture, sous toutes ses formes, est une illusion.

La luxopuncture est une énième mode des alternatives à la médecine scientifique, de la simple calinothérapie, sans aucun autre effet que de créer des emplois.

Bon, si les patients perdent du poids et sont contents, si les luxothérapeutes gagnent leur vie et sont persuadés de rendre service, tant mieux, sans doute…

Mais la multiplication des méthodes de « médecines douces » pose un sacré problème, celui de la remise en cause profonde de la connaissance au profit de la croyance.

Enfin, une décision de l’agence nationale de securité du médicament avait tout simplement interdit ce genre de publicité.

Choisir où être le plus utile

Publié le 30 mars 2024

En 2020, la liste que j’avais menée aux municipales à Boissy avait obtenu 9% des suffrages au premier tour. C’était bien, mais évidemment très loin d’un score permettant de gagner et même insuffisant pour se maintenir au second tour, le seuil étant 10%.

Avec Fabrice Ngaliéma, qui avait conduit quant à lui une liste citoyenne qui avait fait 16% des voix, après avoir bien mobilisé la jeunesse de la Haie Griselle, nous nous étions finalement mis d’accord pour fusionner nos deux listes en y ajoutant la liste LFI de Bernard Semser, qui avait obtenu 6% au premier tour.

Cette fusion nous permettait d’espérer, pourquoi pas gagner, mais au moins faire un score important qui pouvait faire élire plusieurs candidats de nos listes du 1er tour. Sur le programme, nous avions peu négocié et avions fait campagne du second tour sur la base du programme de la liste de Fabrice Ngaliéma. Nous espérions mettre en place les moyens de peser ensemble et avec nos colistiers du premier tour sur la politique municipale, tout en se mettant d’accord sur une autonomie d’expression et de liberté de vote pendant le mandat. Après l’élection, cette dynamique avec nos colistiers du premier et du second tour ne se fera finalement pas.

Au second tour, notre liste fusionnée a obtenu 28%, celle de Régis Charbonnier 45% et celle menée par Laure Thibault (LR) après fusion difficile avec la liste de Moncef Jendoubi (centriste) 27%.

Nous avions obtenu 4 élus, Fabrice Ngaliéma et Ingrid Citerne, ma colistière Pascale Isel et moi. Pascale et moi avons choisi comme nom de groupe d’expression Boissy Écologie et Solidarité.

Au début du mandat, les relations entre la majorité et nous étaient conflictuelles, à cause notamment du contentieux lié à la convention d’utilisation du jardin partagé de la Haie Griselle et des droits d’expression de l’opposition.

Et puis les choses se sont arrangées petit à petit, jusqu’à ce nous décidions de rejoindre la majorité, avec une annonce publique lors du conseil municipal du 28 mars 2024. Difficile de décrire ici les étapes de ce rapprochement, qui a commencé par un apaisement dans nos relations, puis par de nombreux votes identiques en conseil municipal et enfin par une série de rencontres. Rien ne vaut le dialogue pour surmonter les problèmes et se rendre compte à quel endroit et avec quelles personnes on sera le plus utile.

Nous sommes de gauche. Nous ne regrettons pas nos choix passés, il fallait sans doute les faire pour prendre conscience des enjeux politiques à Boissy-Saint-Léger et du rôle que nous pouvions jouer.

Nous serons probablement critiqués, par une partie de nos anciens colistiers dont l’opposition au maire reste forte.

Pour la (toute) petite histoire, il est amusant de constater aujourd’hui qu’un des membres de la majorité en 2015 était secrètement ravi que je passe dans l’opposition avec deux autres élus quand il restait alors dans la majorité. Il est aujourd’hui beaucoup moins content que je rejoigne la majorité.

Nous serons critiqués aussi par une partie de l’opposition qui s’inquiétera de la modification des équilibres en vue des municipales de 2026.

Nous pouvons comprendre l’amertume de celles et ceux qui nous voyaient éternellement opposants. Mais nous avons notre libre arbitre, et les valeurs qui nous poussaient en 2020 et qui nous motivent encore plus aujourd’hui ainsi que l’expérience des années passées nous ont convaincus de revenir vers notre famille politique, aussi perfectible soit-elle.

A nous maintenant d’agir pour ce qui nous apparait comme l’intérêt général, qui peut s’exprimer dans deux objectifs principaux, l’attention aux plus démunis, c’est-à-dire la justice sociale, et la transition écologique. Il faut rajouter une valeur transversale qui est le respect de l’altérité. Nous ne désignons pas des boucs émissaires aux malheurs du monde, les immigrés, les musulmans, les juifs ou les bénéficiaires des minimas sociaux pour ne citer que ceux-là, et n’avons comme seul ennemi que l’économie mondiale devenue sourde et aveugle aux conséquences de ses choix et obsédée par l’enrichissement de ses dirigeants et de ses actionnaires, au détriment des gens, des peuples et des écosystèmes.

Pour traiter des points très concrets, quelques questions / réponses

Est-ce autorisé, ou habituel, que des élus d’opposition rejoignent la majorité ou au contraire que des élus de la majorité deviennent opposants. Voire qu’un ou une élu.e d’un groupe de la majorité ou de l’opposition change de groupe au sein même de la majorité ou de l’opposition. Oui, bien sûr, les exemples sont nombreux, explicables et le plus souvent logiques, même s’il y en a moins à Boissy que dans d’autres villes plus « agitées » que la nôtre. Un conseil municipal, comme tous les collectifs humains, est un groupe de personnes animées par des émotions, des préférences, des amitiés, des fidélités politiques ou personnelles, des détestations, des réconciliations. Il y a aussi, et c’est ce qui a contribué le plus dans notre décision, les circonstances qui changent, les enjeux qui s’éclaircissent, les relations qui s’améliorent. Sur l’aspect légal des changements de groupe politique en cours de mandat, la loi comporte d’ailleurs plusieurs textes qui codifient ces mouvements.

Est-ce correct vis-à-vis de nos électrices et électeurs ? Notre électorat voulait notre victoire, et en cas de non victoire, voulait que nous ayons le plus de moyens possibles pour agir dans le sens de nos engagements de campagne. Ce sera d’autant plus possible en étant force de proposition au sein de la majorité, avec laquelle nous sommes d’accord sur… presque tout ?

Rajout le 5 avril

Sur cet aspect de la volonté présumée des électrices et des électeurs au premier tour, on pourrait aussi se poser la question de savoir quelle candidature, à part la tête de liste, a convaincu les électeurs, quelle autre personne les a fait fuir et préférer une autre liste, à quelle place sur la liste les électeurs auraient préféré voir tel ou telle candidat ou candidate. Évidemment on n’en sait rien. Sur la fusion, aucun sondage de nos électeurs / électrices ne nous a éclairés sur le choix à faire, il a fallu le décider en nos âmes et consciences, probablement en « tordant le bras » d’un certain nombre de personnes qui avaient voté pour l’une ou l’autre de nos listes au 1er tour et qui n’ont pas aimé cette fusion et en auraient préféré une autre. L’élection est la moins mauvaises des méthodes de désignation des représentants du peuple en démocratie, mais elle est toujours en grande partie le résultat de choix personnels des candidates et des candidats.

Avons-nous gagné de l’argent en rejoignant la majorité ? Ça n’aurait pas été scandaleux si des délégations non attribuées nous avaient été données, mais ça ne s’est pas passé, et nous n’en avons pas demandé, ni de poste d’adjoint ou d’autres avantages. Notre choix n’était pas intéressé, en tout cas pas par l’argent. Nous conservons notre indemnité mensuelle de 67,70 euros net par mois, comme les autres élu.e.s de la majorité ou de l’opposition qui n’ont pas de délégation ou d’indemnité liée à une présidence d’organisme intercommunal.

Nous avons rejoint la majorité municipale

Publié le 29 mars 2024

L’annonce officielle a été faite par le maire de Boissy, Régis Charbonnier, au début du conseil municipal du 28 mars. Voici l’intervention que nous avons faite après cette annonce.

C’est une démarche longuement murie et réfléchie qui nous a conduits à cette décision.

L’augmentation préoccupante du vote d’extrême droite, l’amélioration de nos relations avec la majorité municipale et notre volonté de nous rendre utiles et constructifs nous ont amenés à franchir le pas et à rejoindre notre famille politique.

Nous constatons avec inquiétude que les difficultés que subissent les Français, le recul des services publics et la recherche de boucs émissaires en France font prendre un risque pour le vivre ensemble, la transition écologique et la solidarité à tous les niveaux dans notre pays. Nous souhaitons par ce rapprochement montrer notre volonté d’union aujourd’hui et demain pour une politique municipale écologiste et sociale déterminée à laquelle nous voulons contribuer.

Nous avons pu faire le point avec franchise et respect mutuel sur nos désaccords anciens ou récents, qui ont été ou sont en voie d’être dépassés. Des divergences pourront persister, elles seront moteur de la réflexion et des choix et seront moins déterminantes que les projets à poursuivre et à construire ensemble. Le maire et sa majorité ont aussi, de leur côté, dû mesurer que ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous a séparés et nous les en remercions. Les contentieux laissent forcément des traces, et la capacité des uns et des autres à les identifier avec lucidité, à les exprimer et à les dépasser est une forme de cheminement personnel réciproque qui est humainement vertueux et politiquement constructif.

Nous sommes écologistes, et au sein de la majorité, nous nous attacherons plus particulièrement à la défense des espaces naturels et de la biodiversité, l’amélioration de l’accessibilité dans les espaces publics, la promotion des modes de déplacements actifs, l’attention aux plus démunis et l’accès au logement.

Opération « nettoyage forêt » avec l’association Boissy Environnement et Transition

Publié le 6 mars 2024

Dimanche 3 mars à partir de 10h, nous étions une vingtaine de personnes rassemblées à l’appel de l’association Boissy Environnement et Transition, avec nos amis de Sucy Environnement Transition, pour une opération de nettoyage d’une parcelle du Bois de l’Eglise à Boissy.

Crédit photos : Jean-Luc Wolf.

Première photo

Avec un spectacle magnifique, un groupe de daims qui paissaient sur la rampe de l’autre côté de la déviation, sur l’arrière des habitations du bas de la rue de Paris. Ils sont restés présents pendant presque tout le temps de notre nettoyage.

Seconde photo

Jean-Paul Grange, président de Sucy Environnement Transition, Caroline Fieux, présidente de Boissy Environnement et Transition, et Christian Larger, trésorier de Boissy Environnement et Transition.

Ces deux associations sont membres de Val-de-Marne en Transition. Boissy Environnement et Transition est par ailleurs en cours d’adhésion au Collectif Vélo Ile de France.

Troisième photo

La joyeuse troupe qui pose devant une partie des 150 kg de déchets divers et variés ramassés en un peu plus d’une heure de travail. Une bonne partie des bouteilles plastique et emballages ont été mis dans des sacs à part pour le tri sélectif. Et il y avait en plus de nombreuses bouteilles en verre que nous avons pu triées, pour un poids d’environ 15 kg.

Nul doute que nous recommencerons ce genre d’opération, pour montrer notre attachement aux espaces naturels de notre ville et à la nécessité de les préserver. Vous voulez nous rejoindre, nous aider, nous soutenir ? Vous pouvez demander à adhérer en nous écrivant sur contact@bet94.fr

Les daims sur la rampe côté rue de Paris

Jean-Paul Grange, Caroline Fieux et Christian Larger

Après le tri, la pesée et le chargement d’une partie des déchets, le groupe prend la pose

Le tout numérique N’EST PAS l’avenir des services publics

Publié le 5 mars 2024

Ce matin, bureau de poste de la place du Forum à Boissy.

Une employée doit bientôt fermer son point d’accueil. Elle passe dans la file d’attente de 6 ou 7 personnes en leur demandant la raison de leur présence. Elle conseille à quelques personnes de faire leur démarche à un des automates placés un peu plus loin dans le bureau, pour un dépôt d’espèces, « mais attention il faut bien compter ce que vous déposez », pour un virement, pour un retrait.

Je renonce à faire la queue pour l’envoi d’un dossier normalement payé par le destinataire et me rends moi aussi à un automate libre. Je commence la pesée de mon enveloppe.

Et là, tous les automates tombent en rade ! La même employée, désolée, fait le tour des clients bras ballants devant leur écran et s’excuse : « c’est un bug, le réseau ne fonctionne plus, ça nous fait ça plusieurs fois par jour, même aux guichets nous devons attendre 2 ou 3 minutes que ça redémarre. »

Une fois le système redémarré, j’ai pu finir mon opération et coller le timbre sur mon enveloppe. J’espère que l’affranchissement correspond bien à mon courrier…

Mais que cette dématérialisation des services publics est pénible, discriminatoire, parfois humiliante, pour les usagers comme pour les personnels !

Mayotte, pas de solution simple, mais une nécessité « d’élargir la focale »

Publié le 25 février 2024

Article paru dans Le Monde daté d’aujourd’hui

« Avec la remise en cause du droit du sol, la crise à Mayotte menace de gangrener un fondement de la République »

Le Monde – Philippe Bernard – Publié le 25 février 2024 – Chronique

Dénoncer la proposition de l’exécutif ne signifie pas nier la nécessité de tenir un discours de vérité et d’apporter des réponses à la crise qui sévit sur l’île, rappelle dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».

Bien sûr, dénoncer aujourd’hui La Trahison des clercs, comme le fit l’essayiste Julien Benda (1867-1956), voilà près d’un siècle, ne se fait pas à la légère. Cela suppose de considérer que le moment est grave, comme il pouvait l’être lorsque, en 1927, fut publié ce livre qui annonce « la guerre la plus totale et la plus parfaite que le monde aura vue ». Pourquoi cette terrible prémonition ? Benda accusait les intellectuels de son époque de manquer à leur devoir de vigilance en désertant le terrain de la pensée abstraite – la vérité, la justice, la raison – pour celui des passions politiques – la race, la nation, la classe. Au lieu d’user d’arguments rationnels, ils construisaient la justification idéologique de la haine raciale et du totalitarisme qui allaient ravager le monde.

Nous ne sommes pas en 1927, mais la puissance de la démonstration de l’écrivain humaniste résonne étrangement à notre époque où, plutôt que d’argumenter logiquement à partir de vérités établies, certains préfèrent jeter en pâture à l’opinion des boucs émissaires. Le lamentable débat sur la loi « immigration », censurée en partie par le Conseil constitutionnel à la demande de l’exécutif lui-même, a donné un exemple de ce jeu de massacre de la rationalité républicaine, tout en leurrant l’opinion sur l’efficacité de énièmes mesures censées « maîtriser l’immigration ».

Loin de tirer les enseignements de cet épisode désastreux, l’exécutif le relance. Emmanuel Macron, en faisant annoncer par son ministre de l’intérieur, dimanche 11 février, un projet de révision constitutionnelle destiné à supprimer le droit du sol à Mayotte afin de « couper l’attractivité » du département, prend la responsabilité d’un affrontement national sur l’un des terrains préférés de l’extrême droite.

Elargir la focale

Mais, surtout, il ne dit pas la vérité aux Français, cette « vérité » que Julien Benda reprochait aux « clercs » – les leaders d’opinion – de mépriser. Le premier « attrait » de Mayotte pour les migrants n’est pas la perspective de la nationalité française – soumise en réalité à plusieurs conditions –, mais le différentiel de niveau de vie abyssal avec les îles comoriennes voisines, qui alimente une migration de survie et d’espoir. Qui peut croire qu’un projet de changement constitutionnel, au destin incertain mais aux effets délétères, contrarierait ce type d’attraction à l’œuvre sur tous les continents, partout où un Etat développé jouxte un pays pauvre ?

Dénoncer l’impasse de la suppression du droit du sol ne signifie pas nier la nécessité d’apporter des réponses à la situation quasi insurrectionnelle qui prévaut à Mayotte, où routes et services publics sont bloqués par des « collectifs citoyens » en colère contre l’insécurité et l’immigration irrégulière. Ni prétendre que l’île peut continuer d’absorber les flux d’immigrants disproportionnés qui la déstabilisent. Le discours de vérité dont a besoin Mayotte passe par un élargissement de la focale : sa situation inextricable résulte de l’échec de la décolonisation des anciennes Comores françaises, dont Mayotte était l’une des quatre îles.

Alors que Valéry Giscard d’Estaing avait primitivement refusé que les voix de Mayotte soient décomptées à part, lors du référendum du 22 décembre 1974 sur l’indépendance, la droite et les socialistes ont décidé ensuite de faire droit à la revendication pro-française spécifique aux Mahorais. Cette convergence politique n’a jamais cessé, jusqu’à la départementalisation acquise en 2009. Depuis cinquante ans, l’île est au centre d’un conflit entre deux grands principes de droit international : tandis que la France met en avant celui d’autodétermination des peuples pour justifier sa souveraineté sur Mayotte, l’Union des Comores, l’Etat né de l’indépendance de l’archipel, la conteste. Il se prévaut d’une vingtaine de résolutions votées à l’ONU affirmant l’unité territoriale des quatre îles, Mayotte comprise, conformément au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

Une crise postcoloniale et internationale

« Les Comoriens sont chez eux à Mayotte », a répété, au lendemain des annonces de Gérald Darmanin, l’entourage du président comorien, Azali Assoumani, qui vient d’être réélu lors d’un scrutin entaché d’irrégularités. Son régime voit dans le projet de suppression du droit du sol « le début d’une remise en cause de la soi-disant appartenance de l’île de Mayotte à la France ».

Reconnaître que la crise à Mayotte n’est pas seulement migratoire, mais postcoloniale et internationale, marquerait déjà un pas. « Il n’y a pas de mesure simple face à la crise à Mayotte, et les affirmations morales, même justes, ne peuvent remplacer une réflexion d’ensemble sur le fait que la départementalisation, dans un contexte d’échec de la décolonisation, a ses limites », estime Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Pareille lucidité tranche avec l’incapacité de la plupart des élus, de droite mais aussi de gauche, d’admettre que la question du statut de l’île est posée.

Alors que les maux dont souffre Mayotte menacent de gangrener un fondement républicain du pays avec la remise en cause du droit du sol, une vaste « opération vérité », une mise à plat permettant d’inclure l’île dans son environnement régional, serait la bienvenue. En 2018, le Quai d’Orsay avait étudié, à la demande de l’Elysée, l’idée d’une « communauté de l’archipel des Comores ». Remisée depuis lors, elle mériterait d’être relancée.

En 1988, il avait fallu la tragédie d’Ouvéa pour lancer le processus ayant mené aux accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. L’équation mahoraise est très différente. Mais la méthode de large concertation incluant le temps long, employée alors par Michel Rocard, pourrait s’y appliquer. L’actuel premier ministre, qui se fait fort de déminer les problèmes dont se repaît l’extrême droite, pourrait trouver sur Mayotte l’occasion de déployer ses talents.

Aménagement de la couverture de la déviation et de ses abords – respecter la faune sauvage !

Publié le 7 février 2024 – cet article paraitra prochainement dans la rubrique libre opinion du magazine municipal de Boissy-Saint-Léger.

Reprise à peine modifiée de notre article d’avril 2022

Cinq Non, sept ans après le concours désignant la société chargée de l’aménagement de la couverture et des abords de la déviation, les financements et les détails du projet final ne sont toujours pas connus.

Parmi les enjeux de cet aménagement, créer des aires de loisirs, faciliter les cheminements piétons et cyclistes, préserver les habitats de la faune sauvage.

Des chevreuils, des daims, d’autres mammifères, de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes et de batraciens habitent ces espaces, s’y nourrissent, s’y reposent, s’y reproduisent et s’y déplacent.

Le projet doit impérativement respecter ces habitats, pendant la réalisation des travaux et lorsqu’ils seront terminés. Chaque bosquet, chaque creux, chaque pied d’arbre peut abriter un animal ou un groupe d’animaux. Les clôtures protégeant aussi bien la faune que les usagers des routes et des trottoirs doivent être entretenues et faites comme il faut, ce qui n’est pas le cas actuellement. L’État est gravement défaillant, nous devons lui rappeler ses engagements.

Préserver les espaces naturels… ET construire des nouveaux logements

Publié le 30 janvier 2024

Peut-on être écologiste et militer pour répondre aux besoins de nouveaux logements en construisant ?

Bien sûr que oui !

C’est vrai que Boissy se densifie, avec de nouveaux logements et de nouveaux habitants. Mais il faut poursuivre, en matière d’urbanisme, au moins ces deux objectifs que je crois compatibles : préserver à tout prix les espaces naturels, agricoles et forestiers, y compris en désimperméabilisant partout où se sera possible (par exemple cours d’écoles, allées de la Haie Griselle, terrasses abusives chez les particuliers, trottoirs quand c’est possible) et construire de nouveaux logements qui manquent encore cruellement.

Alors densifier la ville sur elle-même me semble la meilleure solution, surtout à proximité d’une gare RER et d’une gare routière. Éviter absolument l’étalement urbain.

J’ai par exemple toujours été favorable à la construction de la Charmeraie. J’étais inquiet concernant les places dans les écoles pour accueillir les nouveaux enfants mais il semble que la place disponible dans les écoles actuelles suffise. J’avais émis des réserves quant au « triangle » appartenant à l’État et à Orange et qui est maintenant sur la zone de veille foncière (entre ave De Gaulle, rue de Brévannes et ligne RER), et sur lequel il y a aura à terme d’autres logements. Mais j’ai changé de point de vue, ça ne nuira pas aux espaces naturels, et ça fournira là encore quelques logements de plus à une population qui en a besoin.

Par contre, les divisions parcellaires dans le quartier du Bois Clary posent d’autres problèmes, en artificialisant trop les jardins, ce qui appauvrit la biodiversité, réduit la présence de haies et d’arbres, et apporte sur la voie publique de nombreuses voitures qui encombrent les trottoirs et créent des situations de conflits.

Aidez le monde agricole, adhérez à une AMAP

Publié le 24 janvier 2024

Quitte à consommer moins, faisons vivre en priorité les exploitations à taille humaine et respectueuses de l’environnement et du bien-être animal. Exemple : AMAP.

J’approuve tous ces gens qui disent soutenir les agriculteurs en colère et en galère. J’aimerais bien savoir combien, parmi ces soutiens, choisissent les produits alimentaires qu’ils consomment en tenant compte de leur lieu de production (consommons français, limitons l’empreinte carbone des transports), des produits utilisés pour augmenter la productivité, du bien-être animal, etc.